MASYAF (Syrie) |
Introduction
L’actuelle ville de Masyaf se situe à 45km à l’est de Hama, sur le versant oriental des montagnes côtières de Syrie. La région, entre la plaine du Gharb au nord et la plaine de Buqai’a/La Boquée au sud, a toujours été un carrefour stratégique et routier. La ville médiévale était entourée d’un mur d’enceinte et une citadelle occupait le promontoire rocheux à l’est de la vieille ville.
L’occupation du site par les Araméens, les Romains et les Byzantins précède l’arrivée des premiers contingents arabes en 638. Sous les Omeyyades, la ville dépend du jûnd de Homs, puis d’Alep.
Au milieu du 10e siècle, les Hamdanides d’Alep (944-1003) commencent à fortifier certains sites de la région dont Masyaf. En 969, un traité signé entre les Hamdanides et les Byzantins entraîne la présence de ces derniers dans la région, mais en 971 les Fatimides prennent le district de Homs avec Masyaf, finalement en 992 les Hamdanides sont battus et toute la région passe sous domination fatimide.
A partir de 999, l’Empereur byzantin Basile II (r.975-1025) veut reprendre la Syrie du Nord, durant cette campagne militaire de nombreuses forteresses sont détruites dont celle de Masyaf. Une garnison byzantine est installée sur le site du château de Shayzar et Masyaf est alors destinée à sa protection.
Dans les années 1070, le sultan seljukîde Malikshâh élargit son empire depuis l’Iran jusqu’en Syrie et Palestine, Shayzar devient le centre politique d’une région située entre Apamée et Homs qui inclue donc Masyaf.
Le passage dans la région de la première Croisade en 1098 entraîne une période de désordre qui profite à une branche du shiisme venue d’Alamut en Iran : les Isma’iliens. Ceux-ci trouvent refuge dans ces montagnes et s’y installent, ils sécurisent d’abord la partie sud du Jebel al-Bahra, puis commencent à prendre les forteresses alentours : Qadmûs et al-Kahf en 1132-1133, Khariba en 1137 et finalement Masyaf en 1140 qui devient leur possession la plus importante et le siège du pouvoir. Les années 1160 voient le début de la prospérité de la communauté Nizarite de Syrie avec l’arrivée de leur chef Rashîd al-Dîn Sinan, il fait fortifier les châteaux déjà occupés et en fait construire de nouveaux (al-Qahîr, Rusafa, Khawabi). Saladin, qui ne voit pas la secte d’un très bon œil, assiège la citadelle en 1176, mais le siège se termine par un traité entre les deux partis, et Sinan sera aux côtés de Saladin à Hattin en 1187.
En 1193, Sinan meurt, Nasr al-Farisî lui succède, il déménage le siège du pouvoir Nizarite à al-Kahf, mais Masyaf retrouve son status au début du 13e siècle. La période Ayyûbide semble être une période de traquillité pour les Nizarites qui ‘cohabitent’ avec les nouveaux maîtres de la Syrie. Plusieurs inscriptions, dont une datée 646/1248, mentionnent des travaux de construction sur la muraille et les portes de la ville (il en reste trois). Ces travaux sont commandités par les Nizarites eux même.
En 656/1258 l’avancée mongole en Iran entraîne la chute d’Alamût et Masyaf tombe à son tour en 658/1260, mais les Mongoles se retirent après leur défaite de Ayn Jalût, les Mamluk deviennent ainsi les nouveau maître de la région et Masyaf est définitivement prise par la force en 670/1272. Les Nizarites ne sont pas chassés de leurs terres, ils conservent quelques uns de leurs châteaux mais sous l’étroite surveillance d’officiers Mamluk restés sur place.
Avec la réorganisation de l’Empire Mamluk, la ville de Masyaf devient un relais routier important, en 720/1320 le géographe Abû’l-Fida’ décrit la ville comme importante. Au 14e siècle les châteaux de Qadmûs, Maniqa, ‘Ullayqa, al-Kahf et Rusafa font partie de la niyaba de Masyaf qui dépend de Tripoli, puis de Damas au 15e siècle.
Après la conquête Ottomane de 922/1516, la ville passe sous le contrôle de personnes locales et forme un district de Hama, elle reste néanmoins le lieu de résidence des chef Isma’iliens.
Liste des monuments
Monuments |
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