Qal’at Shawbak/Montreal

 

 

 

Localisation : à 75km au sud de Kerak, soit 3 étapes et 30km au nord de Petra.

 

 

 

Réf : 

Brown (1988), p.225-245

Brunnow/Domaszewski (1904), p.113-119

Korn (2004), p.92

Luynes (1874), p.82-177, 209-213, pl.17-18

Mauss/Sauvaire (1867), p.81-223

Meinecke (1992), 4/31

 

Brunnow/Domaszewsk1 (1904), p.113-119

Luynes (1874), p.29-31, 209-213, pl.17-18

Omoush/Jbour (2015), p.24-52

RCEA 4735, 5048-5051

 

 

 

Historique

 

La région a une position stratégique entre Mer Rouge et Mer Morte et sur la route le Caire-Damas. Cette région de l’Idumée/Edom est célèbre pour sa culture irriguée dont celle de la canne à sucre. La forteresse est perchée sur un cône rocheux encerclé de profonds ravins qui semblent déjà occupés sous les Byzantins comme en témoignent les villages à l’est[1]. Le site est approvisionné en eau par 2 sources passant aux pieds de la forteresse, et reliées au château par une galerie souterraine[2].

C’est le roi Baudoin qui commence la construction d’une forteresse en 1115, probablement sur les ruines d’un fort byzantin.

La construction de la forteresse répond à deux objectifs principaux : le contrôle de la route du désert et garantir avec Kerak la sécurité des terres d’Oultre Jourdain.

En 1120 la région de Shawbak/Montreal est érigée en fief par Romain du Puy, puis en 1133 par Payen le Bouteiller qui fortifie le site en 1142. En 1152 une charte mentionne le don d’une tour de l’enceinte aux Hospitaliers (certifiant ainsi l’existence d’une barbacane peut être la tour T10 avec l’église). Cette donation sera confirmée en 1177 par Renaud de Châtillon.

La forteresse présente 2 enceintes circulaires parallèles entre elles. Plusieurs ruelles desservent 3 principaux quartiers : le palais au nord, l’Eglise à l’est et les habitations et magasins au sud-ouest. Une rampe d’accès en provenance du fond de la vallée au sud, remonte par le nord et débouche à l’est par la barbacane (P3, l’actuel accès) et à l’intérieur au corridor via P1 et P2.

L’enceinte intérieure présente des tours quadrangulaires peu saillantes (en chiffre romain sur plan, ill.1) et une église (ill.79-82). Cette phase correspond aux travaux des Francs.

 

Période Ayyûbide

En 1171 Saladin assiège la forteresse une première fois sans succès, 2e tentative en 1172-73 et finalement en 1175 il saccage l’arrière pays. La forteresse n’est pas prise suite à la bataille de Hattîn en 1187 mais capitule en Mai 1189 et passe sous contrôle des Ayyûbides. A la mort de Saladin en 589/1193, elle est récupérée par le sultan al-‘Adîl (r. 592/1196 – 615/1218) et en 1208 par al-Mu’azzam ‘Isa alors sous tutelle (r. 615/1218 – 624/1227).

La forteresse est durement touchée par le séisme de 610/1212[3].

Au nord de la forteresse on trouve un palais construit pendant l’occupation Ayyûbide, peut-être daté du règne d’al-‘Adîl ou al-Mu’azzam ‘Isa[4]. Ce palais présente un schéma similaire à celui de la forteresse de Kerak (ill.62-67).

 

Période Mamluk

La forteresse reste possession Ayyûbide jusqu’au 3/III/1261 date de l’assaut de l’émir Bilik pour le compte du sultan Baybars (r. 17 dhu’l-qa’da 658/24.X.1260 – 27 muharram 676/30.VI.1277), puis pour le sultan al-Mansûr Qala’ûn (r. 27 rajab 678/3.XII.1279 – 6 dhu’l-qa’da 689/10.XI.1290) en 679/1280. En 692/1293 le sultan al-Ashraf Khalîl (r. 7 dhu’l-qa’da 689/11.XI.1290 – 12 muharram 693/13.XII.1293) ordonne le démantèlement de la forteresse mais elle est rapidement restaurée par le sultan al-Lajîn (r. 27 muharram 696/25.XI.1296 – 10 rabi’ II 698/15.I.1299) à partir de 698/1297-98 comme en témoignent plusieurs inscriptions.

Le sultan Baybars entreprend des restaurations probablement après la conquête du 26 dhu’l-hijja 659/21.XI.1261, mais une vaste restauration documentée par les inscriptions est entreprise avec le sultan al-Lajîn. Ces travaux concernent les tours T05 (ill.11-12, 51), T06 (ill.14-16, 53-59), T09 (ill.21-29, 69-72), T10 qui ensèrent les constructions franques, les tours T01 et T03 qui sont restaurées et les tours T07 et T08 qui reçoivent un dédoublement de leur façade avec des pierres à bossage.

Début 2002 des fouilles aux pieds de la tour T01 ont permit de dégager un ensemble d’édifices à vocation économique. Ces fouilles italiennes exhument de nouvelles structures avec des fours au sud de la barbacane du 12e siècle et la 3e enceinte, vers la tour T01. Ces structures correspondent à une installation Ayyûbide, pas très bien identifiée, construite sur des vestiges Croisés (une église et la chapelle reliée par une salle) qui sera restaurée et agrandie par les Mamluk, cette zone semble avoir accueillie le quartier des Hospitaliers. Ces installations artisanales comprennent : un site avec 12 bassins rectangulaires et un réservoir dans la narthex de l’église, et un grand édifice contenant un four surmonté d’une cuve cylindrique. Au 1e abord il pourrait s’agir d’une teinturerie pour les tapis fabriqués à Shawbak[5], ce site étant renommé pour cela à la fin du 14e siècle. Toutefois une étude ultérieure identifie le site comme une fabrique de savon[6], ces deux types d’installations étant assez similaires dans leur équipement. Ces installations peuvent être datées des restaurations du sultan al-Lajîn (ill.31-33, 27-39).

La forteresse présente aussi une double enceinte parallèle qui semble indissociable l’une de l’autre et la seule liaison entre ces 2 enceintes se fait au niveau de la partie soutenant l’église. On note aussi qu’à chaque saillants francs correspond un éléments Mamluk (par ex. tour T05 et III).

 

Il y a peu de sources sur le site aux 13e et 14e siècles. En 1520 sous les Ottomans la forteresse est placée sous la juridiction du liwan de ‘Ajlûn. En 1840 elle est dynamitée par les troupes de Ibrahim Pacha, et joue un rôle dans la révolte Arabe en 1917.

Le site est exploré en 1864 par Mauss et Sauvaire, en 1897 par Brünow et Domaszewski, en 1935 par Glück qui s’occupe des environs.

En 1960 le village bédouin qui occupait la forteresse est déblayé, en 1962 la chapelle et la cathédrale sont étudiées et en 1986 le palais Ayyûbide est fouillé[7]. En 1999 une campagne italienne analyse la maçonnerie[8] et une nouvelle étude photogrammétrique sur le bâti est publiée[9].

 

 

 

Epigraphie

 

n.d. Texte de construction, 3 fragments A sur une tour semi-circulaire, B sur une tour carrée, C au-dessus d’une porte de maison[10].

 « xxxx, le champion de la foi, le victorieux, Rukn al-dunya wal-dîn Baybars, fils de ‘Abd-Allâh, xxxx [l’associé de l’ém]ir des croyants, que Dieu éternise sa royauté et xxx ! ».

 

697/1298. Texte de construction, 3 lignes dans un cadre (plan n°4, ill.51)[11].

 « xxxx la fondation et la réfection de cette citadelle ont été ordonnées par notre maître le sultan al-Malik al-Mansûr Husâm al-dunya wal-dîn Lâjîn. Cela a eu lieu sous la haute direction du grand émir ‘Ala al-Dîn Kubrus, serviteur d’(al-Malik) al-Mansûr, en l’année 697 (1298) ».

 

697/1298. Texte de construction,1 ligne sur la tour T06 (plan, n°2, ill.15, 56)[12].

« Basmallâh. La fondation et la réfection de cette citadelle ont été ordonnées par notre maître le sultan al-Malik al-Mansûr, le savant, le juste, le champion de la foi, l’assisté de Dieu, le vainqueur, Husâm al-dunya wal-dîn Lajîn. Cela (a été achevé) en l’année 697 (1298) ».

 

697/1298. Texte de construction et signature 1 ligne, en 5 parties sur la façade de la tour T09 et sur la façade gauche (plan n°3, ill.22-27)[13].

« Basmallâh. La fondation et la réfection de cette citadelle ont été ordonnées par notre maître le sultan al-Malik al-Mansûr, le savant, le juste, le champion de la foi, l’assisté de Dieu, le victorieux, Husâm al-dunya wal-dîn, le vainqueur, Abul-Fath Lajîn, que Dieu éternise sa royauté et fasse durer ses jours ! cela (a été achevé) en l’année 697 (1298), sous la haute direction de ‘Ala al-Dîn Kubrus al-Mansûrî, que Dieu ait pitié de lui ! xxx Muhammad, fils de ‘Abd al-Hamîd, l’ingénieur ».

 

n.d. texte de construction sur la façade d’un saillant rectangle (plan n°1, ill.12 ?)[14].

« xxxx la fondation et la réfection de cette citadelle ont été ordonnées par le sultan al-Malik al-Mansûr xxx ».

 

 

 

Biblio complémentaire

Pringle (1997), p.75-76

Abeileh (1998)

Faucherre (2004), p.43-67

Dotti (2005)

Drap/Seinturier (2005), p.538-543

Drap/Seinturier (2005a), p.771-776

Vannini/Nucciotti (2005)

Drap/Seinturier (2006), p.67-74

Drap/Seinturier (2006a), p.169-179

Dotti (2007), n°2

Vannini/Nucciotti (2007)

Burri (2009), p.61-67

Vannini/Nucciotti (2009)

Walker (2009b), p.126-131

Dotti (2010), p.23-37

Vannini/Marcotulli (2010), p.359-381

Abdel-Hadi (2012), p.1-6

Vannini/Marcotulli (2013), p.359-380

Marcotulli/Pruno (2015), p.187-202

Brown (2016), p.543-560

Nucciotti/Pruno (2016), p.309-321

Courbon (2018)

Nucciotti/Fragai (2019), p.489-501

Vanni-Desideri (2019), p.23-48

Vaninni (2020), p.83-108

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan général avec nomenclature

2/ plan avec localisation des inscriptions

3/ vue du site depuis l’est

4/ vue du site depuis le sud-est

5/ vue du site depuis le sud

 

 

 

 

 

 

 

 

6/ vue du site depuis le nord-ouest

7/ vue du site depuis le centre des visiteurs à l’ouest

8/ vue de la tour T12 depuis l’ouest

9/ vue de la tour T05 depuis l’ouest avec l’actuelle rampe d’accès

10/ tours T05 et T06

 

 

 

 

 

 

 

 

11/ façade de la tour T05

12/ bandeau inscrit non daté sur la tour T05

13/ vue de la courtine entre T05 et T06

14/ tour T06 depuis l’ouest

15/ partie supérieure de la tour T06 avec le bandeau inscrit daté 697/1298

 

 

 

 

 

 

 

 

16/ tour T06

17/ front nord-est avec la tour T07

18/ tour T07

19/ front nord-est avec T08 et T09

20/ tour T08

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21/ tour T09 depuis l’actuelle rampe d’accès

22/ façade de la tour T09 avec le bandeau inscrit daté 697/1298

23/ tour T09

24/ partie supérieure de la tour T09 avec le bandeau inscrit

25/ l’inscription sur la face sud de la tour T09

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

26/ façade sud de la tour T09 avec le bandeau inscrit

27/ détail du bandeau sur la façade sud de la tour T09

28/ la tour T10 et l’actuel accès au château

29/ fragments d’inscriptions déposés à l’entrée du château

30/ l’accès au château P3 depuis le sud, au-dessus la chapelle

 

 

 

 

 

 

 

 

31/ plan du secteur industriel fouillé après 2002

32/ vue du secteur vers l’est avec l’accès P1

33/ vue du secteur vers l’est

34/ l’accès P1

35/ le corridor après P1 en direction du nord

 

 

 

 

 

 

 

 

36/ bâtiment à droite de l’accès P1

37/ vue du secteur industriel depuis le corridor

38/ vue de la tour T12 vers l’est

39/ vue du secteur industriel

40/ l’accès au souterrain entre les 2 enceintes

 

 

 

 

 

 

 

 

41/ l’allée vers le nord et T05

42/ l’allée vers le sud et T12

43/ bâtiments à droite de l’allée vers le nord

44/ salles voûtées à droite de l’allée entre T03 et T04

45/ tour T05 et bâtiment III depuis l’allée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

46/ le corridor vers T05 et le bâtiment III

47/ le corridor vers le nord et les accès à la salle nord de T05

48/ le corridor vers le sud

49/ le bâtiment III depuis le sud-est

50/ le bâtiment III depuis l’est


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

51/ plaque inscrite datée 697/1298 au revers de T05

52/ la tour T06 depuis le corridor

53/ vue intérieure de la tour T06

54/ archères de T06

55/ archères de T06

 

 

 

 

 

 

 

 

56/ tour T06 depuis l’est

57/ partie supérieure de T06 depuis l’est avec le bandeau inscrit daté 697/1298

58/ détail du bandeau inscrit

59/ vue de la plate forme sommitale de la tour T06

60/ vue de l’allée vers le sud, à droite le palais Ayyûbide, au fond T09

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

61/ tour T09 depuis le nord

62/ plan du palais Ayyûbide

63/ vue du palais vers le nord

64/ la salle de réception du palais

65/ le corridor menant à la salle de réception

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

66/ la salle de réception du palais

67/ vue des salles annexes du palais

68/ vue du bâtiment VII depuis l’ouest

69/ partie supérieure de la tour T09

70/ façade de la tour T09 sur l’allée

 

 

 

 

 

 

 

 

71/ la tour T09 depuis l’allée

72/ détail du bandeau inscrit sur la face sud de la tour T09

73/ fragment d’inscription déposé vers la tour T09

74/ détail du fragment d’inscription

75/ vue de la partie centrale du château depuis la tour T09

 

 

 

 

 

 

 

 

76/ le bâtiment VIII et la chapelle depuis T09

77/ la chapelle de puis le nord-ouest

78/ la chapelle depuis le nord

79/ salle voûtée du bâtiment VIII

80/ la chapelle vers l’est

 

 

 

 

 

 

 

 

81/ l’annexe de la  chapelle vers l’est

82/ la chapelle vers le nord

83/ salle du bâtiment VIII

84/ salle du bâtiment VIII servant de dépôt pour les objets trouvés aux alentours

85/ fragments d’inscriptions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

86/ salle du bâtiment VIII servant de dépôt pour les objets trouvés aux alentours

87/ inscription 7 lignes conservée dans le bâtiment VIII

88/ inscription 7 lignes conservée dans le bâtiment VIII

89/ inscription 3 lignes conservée dans le bâtiment VIII

90/ inscription 5 lignes conservée dans le bâtiment VIII

 

 

 

 

Documents anciens

 

 

 

Menu précédent

 

 

 



[1] Cf. Shqairat (2018), p.1-14.

[2] Cf. Buri (2009), p.61-67, et Courbon (2018).

[3] Sur les séismes cf, Sbeinati (2005), p.389-391.

[4] Cf. Brown (1988), p.225-245 ; (2016), p.541-560.

[5] Cf. Vannini/Marcotulli (2013), p.359-380.

[6] Cf. Marcotulli/Pruno (2015), p.187-202.

[7] Voir. les travaux de Brown à Shawbak et Kerak.

[8] Dans le cadre du programme et de l’exposition Petra Medievale. Voir Vannini et  Nucciotti, plusieurs articles.

[9] Dans le cadre d’une étude de cas sur l’utilisation de la photogrammétrie du bâti. Voir les résultats in Drap/Seinturier, plusieurs articles.

[10] Texte d’après RCEA 4735, rassemblant les inscriptions de Luynes (1874), n°27, 28.

[11] Texte d’après RCEA 5048.

[12] Texte d’après RCEA 5049.

[13] Texte d’après RCEA 5050.

[14] Texte d’après RCEA 5051.