Qubba al-Sakhra/Dôme du Rocher (72/691)

 

 

 

Localisation : au centre du Haram sur une terrasse surélevée (E4.1).

 

 

 

Réf :

Berchem (1922), p.224-371

Bieberstein/Bloedhorn (1994) III, p.75-87

Creswell (1932)

Korn (2004), n°2, 17, 29, 46

Meinecke (1992), 4/8, 4/38, 4/39, 9A/6, 10/8, 9C/96, 9C/134, 9C/201, 22/97, 25A/32, 35/41, 42/43, 47/63

 

Berchem (1922), n°225, 227, 228, 229, 230, 233, 236, 237

RCEA 3482, 3516, 3660, 3843

Walls/Abul-Hajj (1980), n°225, 228, 229, 230

 

 

 

Historique

 

Périodes antérieures

Le Dôme du Rocher est construit par le calife ‘Abd al-Malik en 72/691, il recouvre le rocher sur lequel le Prophète Mahomet a entamé son voyage nocturne (isrâ’)[1]. L’édifice repose sur une terrasse surélevée par rapport au Haram, il est accessible par 8 escaliers couronnés par des colonnades ou qanatîr[2] (ill.1).

C’est un édifice à plan octogonal couvert d’une coupole reposant sur un tambour cylindrique, les 4 accès sont orientés suivant les points cardinaux (ill.2).

 

Période Ayyûbide

Après la conquête de la ville en 583/1187, Saladin libère l’édifice de toutes les installations croisées, la croix est retirée du Dôme, le Rocher subit alors un véritable nettoyage[3]. Des membres de la famille Ayyûbide ont personnellement participés. Saladin met sur pied une fondation pour l’entretien du bâtiment à laquelle participe de nombreux villages de la région de Naplouse. Les détails des travaux de rénovation sont incertains. Cependant une inscription fragmentaire conservée montre que la couverture de plomb du dôme a dû être réparée et son intérieur décoré avec des ornements dorés. La date de l’inscription 585/1189 ou 586/1190 peut indiquer l’achèvement des travaux. Le résultat est un bandeau coranique en mosaïque dorée sur fond vert qui entoure la corniche intérieure du dôme. Le style de l’écriture permet une datation sous Saladin (r.564/1169-589-1193).

D’autre part le mihrâb situé à côté du portail sud avec son inscription en mosaïque est peut être a dater du début de la période Mamluk et non de la période Ayyûbide.  

A l’intérieur, cetains panneaux de la balustrade de bois sous les arcades de la coupole dateraient du règne d’al-‘Azîz ‘Uthman (ils sont achevés après sa mort), ils sont signés par les sculpteurs sur bois Abû al-Khair ibn Abî ‘Alî Rahma, Abû Bakr et ‘Uthman, les fils de Mûsâ.

Une inscription fragmentaire mentionne des travaux dont la date et la portée ne sont pas connus. Cette inscription mentionne le sultan al-Mu’azzam ‘Isâ (r.615/1218-624/1227) et Husam al-Dîn Qaimaz, ainsi que l’émir Shuja’ al-Dîn Khutlukh ibn ‘Abdallâh. Le nom de Qaimaz, connu d’après d’autres inscriptions, date de la 1e décennie du 7e/13e siècle. La balustrade de bois avait encore une inscription visible au 19e siècle qui contenait le nom d’al-Mu’azzam ‘Isâ.

Par la suite, l’édifice semble quelque peu négligé sous les sultans Ayyûbides.

 

Période Mamluk

Les réparations reprennent avec le sultan al-Zâhir Baybars (r.17 dhu’l-qa’da 658/24.X.1260 – 27 muharram 676/30.VI.1277), parallèlement à la grande campagne de restauration du Haram. La première partie des travaux se limitent à l’intérieur de l’édifice avec notamment le renouvellement des mosaïques et la restauration des colonnes délabrées par des ouvriers venus de Damas. Cette partie semble achevée en 660/1261-1262. Une seconde partie s’étend jusqu’au 9 dhu’l-hijja 671/27.VI.1273 et concerne l’extérieur de l’édifice dont le voûtement et les mosaïques de verre (fusûs), ces mosaïques sont à nouveau restaurées sous al-‘Adîl Kitbugha (r.11 muharram 694/1.XII.1294 – 27 muharram 696/25.XI.1296) en 695/1295. Enfin Aidughdî al-Ruknî, l’intendant des deux Lieux Saints (nâzir al-Haramain) termine les travaux en réparant la pavage de pierre de la plateforme sur laquelle repose le Dôme du Rocher.

Les mosaïques de la Qubba al-Silsila, située à l’est, sont restaurées en même temps que celles du Dôme du Rocher, cette restauration a lieu entre le 17 jumada II 661/28.IV.1263 et le 9 dhu’l-hijja 671/27.VI.1273.

La coupole du Dôme est redorée avant 720/1320 pendant le règne du sultan al-Nâsir Muhammad (3e règne 30 ramadan 709/3.III.1310 – 21 dhu’l-hijja 741/7.VI.1341). Le toit en bois, en dessous de la coupole, est réparé sous le sultan al-Zâhir Jaqmaq (r.19 rabi’I 842/9.XI.1438 – 21 muharram 857/1.II.1453) suite à une destruction partielle par un incendie en rajab 851/12.IX-11.X.1447 et la couverture de plomb est refaite en 915/1509-1510 sous le règne sultan Qansûh al-Ghaurî (r.1 shawwal 906/20.IV.1501 – 25 rajab 922/24.VIII.1516) par l’intendant Bakbây.

A l’intérieur, la chaire du muezzin est renouvelée pendant le règne du sultan al-Zâhir Barqûq (1e règne 19 ramadan 784/26.XI.1382 – 6 jumada II 791/2.VI.1389) et du gouverneur de Damas Altunbûghâ al-Jûbânî, les travaux sont confiés à l’intendant (nâzir) Muhammad ibn Bahâdur al-Fakhrî. Ils sont achevés le 1 shawwal 789/15.X.1387.

Les Ottomans vont restaurer le Dôme du Rocher dont le revêtement en céramique qui tapisse les murs extérieurs, il est remplacé entre 952/1545 et 959/1552 par le sultan Sulaiman, lui donnant son aspect actuel.

Ils feront construire aussi les bâtiments (les khalwa ou cellule) qui occupent tout le côté nord de la terrasse[4].

 

 

 

Epigraphie

 

592/1196. Epitaphe 10 lignes (38x64) sur une dalle[5].

« xxx Ceci est la tombe de l’émir Zain al-Dîn xxx fils de ‘Alî, fils de ‘Abd-Allâh al-Hakkarî, -[que] Dieu [ait pitié de lui !] – décédé en l’année 592 (1196) ».

 

 

n.d. Texte de construction et signatures, 1 lignes sur deux panneaux de bois[6].

« Fait durant les jours d’al-Malik al-‘Azîz Abul-Fath ‘Uthmân, fils d’al-Malik al-Nâsir Yûsuf, fils d’Aiyûb, que Dieu sanctifie son âme ! La menuiserie est d’Abul-Khair, fils d’Abû ‘Alî, fils de Rahma, qui, par là, espère obtenir l’indulgence de Dieu. Sculpté par Abû Bakr et son frère ‘Uthmân, fils du pèlerin Mûsâ, que Dieu ait pitié d’eux ! »

 

 

n.d. Texte de construction ou de restauration, 7 lignes (30x55) sur une dalle[7].

« xxx [La construction (ou la restauration) de ce ] xxx béni [a été ordonnée] par l’émir Shuja’ al-Dîn Khutlukh, fils de ‘A[bd-Allâh], xxx [fils d’A]yûb, dans le désir de l’agrément de Dieu, xxx [Husam al-D]în(?) Kaimaz al-Mu’azzamî. L’achèvement fut xxx 6 xxx ».

 

 

n.d. Texte de construction sur la balustrade[8].

« A été renouvelé dans les jours de notre maître al-Malik al-Mu’azzam Sharaf al-Dîn ‘Isa ».

 

 

789/1387. Texte de restauration 3 lignes (160x32) à l’intérieur sur la face sud du parapet de la plate forme[9].

« A été restaurée cette tribune bénie, dans la Sakhra sacrée, sous les règne de notre maître le sultan al-Malik al-Zâhir Abû Sa’îd Barqûq, qu’Allâh éternise sa royauté ! sous le gouvernement de Sa Très noble Excellence ‘Alâ’ al-Dîn Altunbughâ al-Jûbânî, gouverneur général de la province de Damas (qu’elle soit gardée !), qu’Allâh glorifie ses victoires ! sous l’intendance du serviteur avide d’Allâh, Sa haute Excellence magistrale Nâsir al-Dîn Muhammad, fils de Sa défunte Excellence Saif al-Dîn Bahadûr al-Fakhrî (mamaluk ou serviteur de Malik) Zâhir (Barqûq), gouverneur de Jérusalem et intendant des deux harams sacrés, qu’Allâh glorifie ses victoires ! a la date du 1er shawwal de l’année 789 (15.X.1387) ».

 

 

795/1393. Décret 4 lignes (65x23) à droite de la porte ouest[10].

 « A la date du 17 rabi’II de l’année 795 (2.III.1393) est arrivé le rescrit de notre maître le prince des émirs à Damas, qu’elle soit bien gardée….. al-Khwarizmî, adressé à Son Excellence Sharaf al-Dîn, gouverneur de Jérusalem et intendant des deux haram sacrés, concernant l’ordre que les employés des marchés à Jérusalem….. (ne prélèvent sur) la vente publique ( ?) et sur le produit du prix des marchandises ni tu’ma, ni aucun droit quelconque ; et aussi la défense aux porte-flambeaux de vendre des articles prohibés et d’imposer des marchandises interdites……(ce décret a été rendu) en vue de redoubler les prières en faveur de la durée des jours du gouvernement de (Son Excellence) très noble (le gouverneur de Damas) et de (Son Excellence) distinguée (le gouverneur de Jérusalem), qu’Allâh éternise la royauté de leur sultan… ».

 

 

836/1432. Décret 7 lignes (150x56) à l’extérieur à gauche de la porte est (ill.20)[11].

« (en l’année 836…. A décrété le sultan al-Malik al-Ashraf Barsbay…..de mettre à part ou d’inventorier ?......) ce qu’a restauré ou construit (……l’émir Arikmas al-Jalbânî), intendant des deux Haram sacrés – qu’Allâh lui donne en récompense le paradis ! – soit (aux immeubles ?) achetés par lui des éconnomies qu’il a réalisés sur la fortune de la fondation….(et ?) des loyers des immeubles, dans chaque mois deux mille dirhams, défalcation faite du payement intégral des salaires des employés, et ce qu’il a restauré et construit au bain ruiné sis dans la rue……(et sur les revenus ?) du village d’al-‘Aujâ’ et d’al-Nuwai’îma, dans la vallée du Jourdain, et (sur ?) la taxe des Georgiens qui entrent au Saint Sépulcre.

Et (il a décrété) que le montant total de ces disponibilités sera affecté à l’entretien du haram sacré, de la Sakhra sacrée et de leurs fondations respectives, et que l’excédent sera déposé, en réserve, dans la caisse de la Sakhra sacrée, cette réserve tout entière étant destinée au seul entretien, à titre de dépôt authentique et légal, en vertu du décret royal dont la date aété désigné ci-dessus.

Et il a ordonné qu’on grave ces dispositions sur cette dalle de marbre, comme un bonne action permanente dans les annales de notre maître le sultan al-Malik al-Ashraf Barsbay – qu’Allâh éternise sa royauté ! – à tout jamais, aussi longtemps que se succéderont les mois et les années. Et si quelqu’un modifie ces dispositions après les avoir entendues, son crime retombera sur ceux qui les changeront (après lui) ».

 

 

 

Biblio complémentaire

MWNF (2004), p.76-78

Hawari (2007), p.194-195

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan de situation

2/ plan de la Qubba al-Sakhra

3/ vue du site depuis la Vieille Ville à l’ouest

4/ vue de la coupole avec le minaret al-Silsila

5/ vue depuis l’escalier ouest, à droite la citerne d’al-Mu’azzam

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6/ vue depuis le sud

7/ vue depuis la colonnade nord

8/ vue depuis la colonnade sud-est

9/ vue depuis l’angle nord-ouest de la terrasse

10/ vue depuis le sud sur la terrasse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11/ façade sud

12/ portail sud

13/ façade sud-est

14/ la coupole depuis le sud-est

15/ vue depuis le nord sur la terrasse

 

 

 

 

 

 

 

 

16/ vue depuis le nord-est

17/ façade nord

18/ vue de puis le nord-ouest

19/ vue depuis l’ouest avec la Quba al-Silsila

20/ décret daté 836/1432 à gauche de la porte est

 

 

 

 

Documents anciens

 

 

 

Menu précédent

 

 

 



[1] Coran XVII, 1.

[2] Sur la période Omeyyade et ses inscriptions, cf. Berchem (1922), p.223-255 ; sur les périodes Abbasside et Fatimide, cf. Berchem et ses inscriptions, cf. Berchem (1922), p.256-305.

[3] Sur le passé Chrétien de l’édifice, cf. Pringle (2007), n°367.

[4] Voir Auld/Hillenbrand (2000), notamment p.415-425, 425-431, 432-465.

[5] Texte d’après RCEA 3482.

[6] Texte d’après RCEA 3516.

[7] Texte d’après RCEA 3630.

[8] Texte d’après RCEA 3843.

[9] Texte d’après Berchem (1922), n°233.

[10] Texte d’après Berchem (1922), n°236.

[11] Texte d’après Berchem (1922), n°237.