Mosquée al-Abyad (666/1268)
Localisation : à l'ouest du cimetière Musulman de la rue Dani Mass.
Réf :
Conder/Kitchener II
(1881), p.269-275
Meinecke (1992), 4/128,
9C/81, 26B/14
RCEA 4588, 5401
Petersen/Pringle (2021), n°1, 5, 7, 8, 9
Tütünçü (2008), n°230, 233
Historique
La Mosquée al-Abyad (mosquée Blanche) est érigée peu de temps après la fondation de la ville par le calife Omeyyade Sulayman (r.715-717). Elle a connu 4 phases de construction et plusieurs rénovations révélées par une série de fouilles[1]. La mosquée Blanche a la particularité d’avoir des citernes voûtées creusées dans son sous-sol accessibles par des escaliers (ill.1).
Une inscription datée 586/1190 sur le mur nord mentionne la construction d’une mosquée qui devrait faire plutôt référence à la Grande Mosquée aménagée dans l’ancienne Cathédrale des Croisés qu’à la Mosquée al-Abyad.
Les 2 séismes de 597/1200 et 598/1201 ont probablement entraînés quelques dégâts sur la salle de prière.
Après la conquête de Jaffa le 20 jumada 666/6.II-1268, le sultan Baybars s’attelle à la restauration de l’édifice qui débute le 10 rajab 666/26.III.1268. Le minaret est restauré et la rénovation de la coupole du mihrâb et du portail est aussi entamée. Une inscription datée 666/1268, à l’ouest du minaret, commémore et raconte le siège de la ville de Jaffa par le sultan et mentionne aussi ces travaux[2].
Au cour du séisme de safar 692/11.I-8.II.1293, le minaret de Baybars s’effondre, le sultan al-Nâsir Muhammad fait élever un nouveau minaret, avec de nombreux renforts de maçonnerie et des contreforts d’angle. Ces travaux sont achevés au milieu de sha’ban 718/12.IX.1318 comme le mentionne l’inscription courant sur le portail du minaret (ill.10). Ce minaret carré d’une trentaine de mètres de hauteur s’élève sur 5 niveaux plus une plate forme (ill.30, 31) et présente une entrée surmontée d’un assommoir (ill.9, 11), cette configuration a poussé de nombreux observateurs a en faire une tour de guet plutôt qu’une tour d’appel à la prière[3].
Enfin, la citerne dans la cour de la mosquée est aussi restaurée en rabi’ I 810/6.VIII-4.IX.1407 par le gouverneur de la province de Damas Baighût al-Zâhirî (en poste du 1 rabi’ I 810/6.VIII.1407 jusqu’en 811/1408).
Aujourd’hui, il ne reste qu’une partie du portique est, le portique ouest est écroulé et le portique nord ne présente aucun vestiges apparents. La salle de prière (2 baies de profondeur et 13 de large) est en grande partie effondrée et a perdu sa toiture (ill.17-28). Celle-ci présente des changements dans l’alignement du mur qibla (ill.1) suite aux travaux de rénovation de l’édifice. Le site a fait l’objet d’importantes fouilles[4].
Epigraphie
586/1190. Texte de construction 4 lignes sur le mur nord (cette inscription concernerait la Grande Mosquée)[5].
In the name of God etc. This construction work
in this blessed mosque was ordered
by Iyās ibn ʿAbd Allāh, one of the company (ḥalqa) of the Emir ʿAlam
al-Dīn Qayṣar (may God have mercy
on him and on those who pray for his
soul), in the year 586 [1190].
666/1268. Texte de construction, 4 lignes (400x30) sur le mur nord de la salle de prière de la Grande Mosquée[6].
« In the name of God, the merciful, the compassionate. Only he shall inhabit
God’s places of worship who believes in God and the Last Day (Qurʾān
9.18). God, having decided to exercise His judgment, decided
in His foresight to permit His ready and trusted
servant, who relies on Him
to provide for him, who fights for Him, protector of the religion of
His prophet, and who loves Him and is His friend,
the illustrious great
sultan, the warrior, the defender of the borders, the
fighter at the frontier, the raider, pillar of the world and the faith
(Rukn al-Dunya waʾl-Dīn), sultan of Islam and the Muslims, Baybars son of ʿAbdallāh,
associate of the Commander of the Faithful
[i.e. the caliph], who came
from the land of Egypt with his victorious
army on the 10th of the month
of Rajab i, resolved to conduct holy war
and combat the infidels and resisters.
He descended on the port of Jaffa in the morning and conquered it by God’s will
in the third hour of that day. Then
he ordered the construction
of this dome over the blessed minaret and this doorway at this blessed mosque under the supervision of the one in need
of [lacuna where
the name of the supervisor
of the works has been effaced…
the year six and sixty] and
six hundred (ad 1268). May God
have mercy upon him and all Muslims. »
n.d. Décret 3 lignes sur la porte nord[7].
« Decreed upon the order of our honoured suprême lord, Sultan
al-Malik al-Ẓāhir, may
God exalt him! / ... the honoured stables
as they were accustomed to do on their way to Damascus accompanied by ... / and so forth; and hindering whoever opposes them in Ramla including customs duty (maks), which they were not accustomed
to ... »
718/1318. Texte de construction 3 lignes sur le minaret (ill.10, 13, 14, 15)[8]
« …this blessed
minaret (miʾdhana) was
founded by our master, the victorious sultan (Sultan al-Nāṣir),
the wise, the just, the
warrior, the defender of the borders, the fighter at
the frontiers, sultan of Islam and the Muslims, the one who re-establishes justice in the worlds,
slayer of infidels and polytheists, king of the Arabs and the Persians [i.e. non-Arabs], master of the necks of nations (mālik
riqāb al-umam), guardian of God’s land, protector of the land and the faith,
father of conquest, (Nāṣir al-Dunya waʾl-Dīn Abū Fatḥ)
Muḥammad, son of our
lord, the martyred, the sultan, the victorious king, sword of the land and the faith (Sayf al-Dunya waʾl-Dīn)
Qalāwūn al-Ṣāliḥī,
associate of the Commander of the Faithful,
may God perpetuate
his days and hoist by victory his flags and banners. And the achievement of the building of it
was in the middle of the month
of Shaʿbān, the year
eighteen and seven hundred (October 1318) ».
n.d. Fragments d’inscription aux extrémités du bandeau sur le portail du minaret (ill.12, 16)[9].
« Shahada. Début Coran
IX :33 »
« The construction of
this place (makan) was … »
811/1408. Texte de restauration sur le mur de la citerne[10].
Texte
non disponible.
Biblio complémentaire
Petersen (1995), p.75-101
Pringle (1998), p.185-187
Gibson/Vitto (1999)
Petersen (2001b), p.1-6
Rosen-Ayalon (2002)
Aigle (2003), p.57-85
Petersen (2004), p.345-359
Rosen-Ayalon (2006), p.67-83
Cytryn-Silverman (2008), p.379-432
Cytryn-Silverman (2010), p.1-7
Cytryn-Silverman (2010b)
Gutfeld (2010)
Herriott/Ilan (2017),
p.8-242
Petersen/Pringle (2021), p.117, n°16; p.185-201
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1/ plan de la mosquée avec les phases de
constructions |
2/ le minaret depuis l’est |
3/ le minaret depuis le nord-est |
4/ le minaret depuis le nord |
5/ la partie haute du minaret, côté nord |
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6/ le minaret depuis l’ouest |
7/ la partie haute du minaret, côté ouest |
8/ le minaret depuis le sud-est |
9/ portail d’accès au minaret, côté sud |
10/ le portail d’accès avec son inscription de
construction datée 718/1318 |
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11/ l’assommoir aménagé au dessus de l’entrée |
12/ une inscription non datée à droite du portail |
13/ partie droite de l’inscription dans la baie du
portail |
14/ partie centrale de l’inscription |
15/ partie gauche de l’inscription |
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16/ une inscription non datée à gauche du portail |
17/ vue générale des ruines de la salle de prière
depuis le minaret |
18/ partie gauche de la salle de prière depuis le
minaret |
19/ partie centrale de la salle de prière depuis le
minaret |
20/ partie droite de la salle de prière depuis le
minaret |
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21/ vue partielle de la salle de prière |
22/ mur de qibla |
23/ arcade devant le mur qibla |
24/ le mur de qibla avec le mirhâb |
25/ arcade de la salle de prière |
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26/ arcade de la salle de prière |
27/ détail d’un arc |
28/ mur de qibla depuis l’extérieur |
29/ une partie des arcades latérales |
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30/ plan des niveaux du minaret |
31/ section et élévation du minaret |
32/ le minaret depuis la salle de prière |
33/ partie haute du minaret depuis la salle de
prière |
34/ le minaret depuis l’est de la cour |
Documents anciens
[1] Cf. Rosen-Ayalon (2006), 67-83.
[2] Plus en place actuellement.
[3] Sur ce sujet voir Cytryn-Silvermann (2008), p.379-432.
[4] Voir le rapport complet dans Gutfeld (2010).
[5] Texte d’après Petersen/Pringle (2021), n°7.
[6] Texte d’après Petersen/Pringle (2021), n°5.
[7] Texte d’après Petersen/Pringle (2021), n°1.
[8] Texte d’après Petersen/Pringle (2021), n°8.
[9] Texte d’après Petersen/Pringle (2021), p.201.
[10] D’après Petersen/Pringle (2021), n°9.