Maqâm
Nabî Mûsâ, Jéricho (668/1269)
Localisation : sur la route Jerusalem/Jéricho, à 2km au sud de Nebi Musa Junction.
Réf :
Clermont-Ganneau (1896), II,
p.47-48
Meinecke (1992), 4/144, 42/23
Tamari (1981), 231-264
RCEA 4612
Historique
Le site se situe sur deux importantes routes :
La route partant de Jéricho pour Jérusalem en passant par la rive sud du wadî Qilt et arrivant par le sud-est au Mont des Oliviers.
La route du sel qui part de la vallée de la Mer Morte/Biqa’t Yam Hamelakh, via Nabî Mûsâ, Bîr Malkî, le monastère Saint Euthymius/Khan al-Ahmar, le wadî al-Hawd et le Mont des Oliviers.
C’est à son retour du Hajj en 668/1269 que le sultan al-Zâhir Baybars (r.17 dhu’l-qa’da 658/24.X.1260 – 27 muharram 676/30.VI.1277) ordonne la construction d’une coupole (ou maqâm) sur la tombe de Moïse/Mûsâ et d’une salle de prière, ces deux bâtiments formant le centre d’un complexe qui sera plusieurs fois agrandit (ill.1). Le tombeau consiste en une salle carrée surmontée d’une coupole reposant sur des trompes, ce système de transition est similaire à celui que l’on retrouve au turba Qaymurîya (647/1249) et au tombeau Kubakîya (688/1289) à Jérusalem. La mosquée a été remodelé par Abdullâh Pacha en 1819 (ill.16-19).
Le sultan a réutilisé de nombreux éléments de l’architecture Croisée (colonnes, chapiteaux) en provenance de Jérusalem et de Ramla principalement[1]. Les travaux sont exécutés sous le mandat du gouverneur de Damas Jamâl al-Dîn Aqqûsh al-Najîbî et sous la conduite de Muhammad ibn Rahhâl, suite à la visite du sultan à Jérusalem le 13 muharram 668/12.IX.1269.
De 875/1470-1471 à 885/1480-1481, la partie funéraire construite par al-Zâhir Baybars est étendue vers le sud pour fournir des logements aux pélerins, un minaret est rajouté après 880/1475-1476 et un accès direct pour le tombeau depuis la salle de prière est alors ouvert. Entre les deux périodes, d’autres annexes sont construites dont les portiques composés de 19 baies divisées tardivement pour créér des iwan (ill.13-15). Le site est aussi complété par un cimetière et les deux tombeaux de Sitna Aisha (ill.29-33) et Hasan al-Ra’aî.
Les Ottomans rajouteront le balcon et les salles à dômes plats sur les arcades Mamluk. Un dessin de Clermont-Ganneau daté du 5 avril 1874 (ill. plus bas) montre les portiques sans niveau supérieur, ils sont peut-être construit vers 1885.
Le site fait, aujourd’hui, l’objet d’un festival annuel et d’un pèlerinage[2].
Epigraphie
668/1270. Texte de construction 15 lignes[3].
« xxx la fondation de
cet honorable maqâm sur le tombeau de Moïse l’interlocuteur xxx a été ordonnée
par notre maître le sultan al-Malik al-Zâhir, le seigneur très illustre,
savant, juste, assisté de Dieu, victorieux, vainqueur, Rukn al-dunya wa’l-dîn,
le sultan de l’Islam et des musulmans, le seigneur des rois et des sultans, le
conquérant des grandes villes, l’exterminateur des Francs et des Tatars, celui qui
a extirpé des mains des infidèles les citadelles, l’héritier de la royauté, le
sultan des Arabes, des Persans et des Turcs, l’Alexandre du temps, le maître
des conjonctions stellaires, celui qui a ramené les égarés de l’Islam aux mains
des révolutionnaires, le roi des deux mers, le souverains des deux qibla, le
serviteur des deux nobles sanctuaires, celui qui a ordonné le serment à deux
califes, Abul-Fath Baybars, l’associé de l’émir des croyants, que Dieu éternise
sa royauté ! cela (a été fait) après son précieux retour du pieux
pèlerinage, quand il s’en alla visiter la noble Jérusalem, - que Dieu agrée de
lui (cette œuvre) ! – sous la lieutenance de son esclave et ami le grand
émir, le défenseur des frontières, Jamâl al-Dîn Aqqûsh al-Najibî, gouverneur général
des provinces de Damas, - que Dieu le glorifie ! – dans les mois de
l’année 668 de l’Hégire du Prophète (1270), xxxx sous la direction de l’esclave
avide de Dieu Muhammad, fils de Rahhâl, que Dieu lui soit
indulgent ! »
Biblio complémentaire
Marrar (1998)
Guetta (2000)
Aigle (2003), p.57-85
MWNF (2004), p.142-144
Petersen (2004a), p.359-382
Amitai-Preiss (2005a), p.45-53
Taragan (2006-2007), p.621-639
Zilberman (2012), p.103-116
Petersen (2018), p.50-54
Daadli (2020), p.421-455
|
|
|
|
|
1/ plan du site |
2/ élévation du mur ouest du maqâm |
3/ vue du site depuis la route d’accès |
4/ vue du site depuis la route d’accès |
5/ vue du site depuis le nord-ouest |
|
|
|
|
|
6/ vue de l’angle nord-ouest depuis la route d’accès |
7/ la façade ouest du maqâm |
8/ vue de l’angle sud-ouest du maqâm |
9/ la façade sud du maqâm |
10/ vue de l’angle sud-est du maqâm |
|
|
|
|
|
11/ la façade est du maqâm |
12/ le corrdor d’accès depuis l’intérieur |
13/ la cour principale depuis l’ouest |
14/ la cour principale depuis le nord |
15/ la cour principale depuis l’est |
|
|
|
|
|
16/ la façade sud de la mosquée |
17/ vue de la mosquée depuis le nord-est |
18/ la façade principale de la mosquée |
19/ la coupole du tombeau depuis le niveau supérieur
de la cour |
20/ vue du minaret |
|
|
|
|
|
21/ vue du minaret depuis l’ouest |
22/ le minaret |
23/ vue de la cour nord-est depuis le nord |
24/ la mosquée depuis le niveau supérieur de la cour
|
25/ la mosquée depuis le niveau supérieur de la cour
|
|
|
|
26/ vue de la cour vers l’est depuis le niveau
supérieur |
27/ vue du site vers le nord depuis le niveau
supérieur dela cour |
28/ la grande salle sud depuis l’ouest |
|
|
|
|
|
29/ vue du tombeau Sitna ‘Aisha depuis la route |
30/ vue du tombeau depuis le maqâm Nabî Mûsâ |
31/ la façade nord du tombeau |
32/ la façade est du tombeau |
33/ le site du maqâm de Nabî Mûsâ depuis le tombeau |
Documents anciens, récits
[1] Le sultan Baybars a régulièrement remployé des éléments de l’architecture Croisée pour ses propres fondations. Sur la question, cf. Taragan (2002), p.31-34 ; Taragan (2006), p.54-67. Sur l’utilisation des remplois de manière générale, cf. Greenhalgh (1999), p.785-935 ; Greenhalgh (2009) ; Greenhalgh (2012).
[2] Sur ce pèlerinage, cf. Boltanski, E.A, « la mawsîn de Nabî Mûsâ : processions, espace en miettes et mémoire blessée. Territoires palestiniens (1998-2000) », in Chiffoleau, S & Madoeuf, A, (ed.), Les pèlerinages au Maghreb et au Moyen Orient. Espaces publics, espace du public, Paris, 2010, p.59-80.
[3] Texte d’après RCEA 4612.