Khirbat Beit Mazmil (n.d.)
Localisation : au nord-est du parc Zangvil, actuellement un chantier sur la rue Arthur Hantke.
Réf :
Guérin (1868), I, p.82-83
Conder/Kitchener (1881), III, p.108
Historique
Le site est situé au sud-ouest de la ville entre Bayit YaGan et Qiryat HaYovel, à 819m d’altitude. A l’origine, il rassembait des terrasses dédiées à l’agriculture intensive d’arbres fruitiers et constituait le jardin de la ville[1]. Aujourd’hui largement détruit par l’urbanisation de la ville, Khirbat Beit Mazmîl demeure le seul témoignage de cette activité. Le site de Khirbat Beit Mazmîl (ruines de la Maison de la Flûte)[2] était une implantation agricole au nord du village de Beit Mazmîl (aujourd’hui recouverte par le quartier de Qiryat Hay Yovel). Il est uniquement mentioné au 14e comme bien situé à l’extrémité orientale du domaine de ‘En Kerem donné en waqf pour une zawîya sufî ou un khân à Jérusalem. Les registres fiscaux (tapu defterleri) et les registres de la cour de la shari’a de Jérusalem (sijillât) donnent plus d’informations sur l’état du site au début de la période Ottomane[3]. Les études scientifiques[4] commenceront au 19e siècle avec V. Guérin[5] dans les années 1860 et C.C. Conder et H.H. Kitchener en 1872 pour leur Survey of Western Palestine[6].
Les fouilles initiales en 2012 et 2013[7] ont mis au jour la partie sud d’une série d’édifices voûtés en pierres sèches à vocation industrielle (stockage, fours, citernes et étables) construits ou excavés sur la pente de la colline (ill.1, 4)[8]. Cet ensemble d’édifices est à rattacher au complexe résidentiel officiel, peut-être la résidence d’un émir ou d’un muqta’ (possesseur d’un iqta’), situé au nord sur le sommet du tell.
En 2015[9], les fouilles se concentrent sur les édifices à vocation résidentiel de la partie nord du sommet de la colline (dit bâtiment nord, ill.1, 2). Cette session révèle les contours d’un complexe de pierres sèches comprenant six salles voûtées en encorbellement (certaines faisant office de tour) et incorporant des remplois d’éléments antérieurs, le tout relié par un mur. La zone D qui abrite un système hydraulique semble séparée du reste par un mur. La partie nord est occupée par deux structures différentes qui semblent associées à la partie sud du site. Le bâtiment sud du site nord (ill.1, 2) est construit selon le même procédé que le bâtiment nord, il est divisé en deux salles qui semblent abriter cuisines et espaces de vie, et apparaît comme l’élément central de tout le complexe au sommet de la colline. Un système hydraulique, utilisant éléments romains et bains rituels (miqveh) ainsi que des citernes viennent compléter l’ensemble.
En 2017[10], la zone B et les structures domestiques Ottomanes (murs W117, 118, 122, 131) sont fouillées. La zone C présente des installations de cuisine et des plateformes servant de bases à des voûtes pour un édifice non identifié.
L’étude est aussi étendue aux environs du site construit afin d’examiner les vestiges de terrasses agricoles[11].
En 2018[12], la fouille se concentre sur l’édifice de pierres sèches déjà fouillé en 2015.
Les fouilles sur site sont achevées en 2019[13].
Cette série de fouilles révèle un site occupé, réutilisé et remodelé plusieurs fois en fonction de l’occupant et de son utilisation. Ainsi, le site est déjà occupé sous les derniers Byzantins par un important système hydraulique et des citernes, puis sous les Croisés et les Ayyûbides, le site est déplacé vers le sommet avec la construction d’un complexe et d’un système hydraulique de type urbain. Le site s’agrandit sous les Mamluk en s’étendant sur les pentes et les alentours devenant ainsi une grande exploitation agricole multifonction au service d’un officiel (peut-être un émir ou un muqta’) résidant sur place une partie de l’année seulement.
Au 16e siècle, le site se contracte à ses limites Croisées, le grand édifice voûté construit en pierres sèches est alors divisé en plusieurs unités domestiques sur différents niveaux et équipées de tabûn aux angles, le site devient alors une exploitation familiale. Au 17e siècle, la partie sud est convertie en terrasses agricoles.
Epigraphie
Pas
d’inscriptions.
Biblio complémentaire :
Levi (2012)
Storchan/Dolinka (2014)
Zeevi (2018), p.6
Walker/Dolinka (2020), p.191-234
Walker/Gadot (2020), p.651-661
Zeevi/Ben-Melech (2020), p.41
Adawi/Dolinka (2021)
Walker (2022), p.325-357
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1/ plan complet des vestiges du site |
2/ plan de la partie nord du site |
3/ plan de la zone A11 |
4/ plan de la partie sud du site |
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5/ vue du site depuis Arthur Hantke street au nord |
6/ vue du site depuis Arthur Hantke street au nord |
7/ vue du site depuis Arthur Hantke street au
nord-ouest |
8/ vue de l’édifice sud depuis l’ouest |
9/ vue de l’édifice sud |
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10/ vue du site depuis l’accès au chantier |
11/ vue du site depuis les immeubles d’habitations
au sud |
12/ vue du site depuis les immeubles d’habitations
au sud, partie est |
13/ vue du site depuis les immeubles d’habitations
au sud, partie est |
14/ vue du site depuis les immeubles d’habitations
au sud, partie ouest |
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15/ vue de l’édifice sud |
16/ détail de l’édifice sud |
17/ vue de l’édifice sud depuis l’est |
18/ détail de l’édifice sud depuis l’est |
19/ vue de l’édifice à l’est du site |
Documents anciens
[1] Ces terrasses agricoles sont décrites sous plusieurs termes en arabe : halûl, judrân et mastabah/masatîb. Elles font actuellement l’objet d’études afin de connaître leur rôle dans le paysage rural. Les sites étudiés sont situés dans les vallées du Soreq, de Refa’îm et sur le mont Eitan. Cf Gadot (2015), Gadot (2016), p.397-417 et Gadot (2018), p.575-583.
[2] Nom donné au site par les populations locales au 19e siecle.
[3] Résumé, in Walker/Dolinka (2020), p.194.
[4] Voir références, in Walker/Dolinka (2020), p.195.
[5] Voir Guérin (1868), I, p.82-83.
[6] Voir Conder/Kitchener (1881), III, p.108 et carte 17.
[7] Voir rapport de fouilles, in Storchan/Dolinka (2014) et Walker (2022), p.332-335.
[8] Cette partie est depuis recouverte par des habitations et un centre communautaire, le partie nord du site en cours de fouilles devrait être aménagée en parc archéologique.
[9] Voir rapport de fouilles, in Walker/Dolinka (2020), p.197-200 et Walker (2022), p.335-343.
[10] Voir rapport de fouilles, in Walker/Dolinka (2020), p.201-203.
[11] Voir rapport de fouilles, in Walker/Gadot (2020), p.651-661.
[12] Voir rapport de fouilles, in Walker/Gadot (2020), p.654-655.
[13] Le rapport complet de ces campagnes de fouilles est à paraître sous le titre Life on a farm in late medieval Jerusalem.