Mosquée al-Aqsa (86/705-96/715)

 

 

 

Localisation : sur la partie sud du Haram (E5.1).

 

 

 

Réf :

Berchem (1922), p.377-450

Bieberstein/Bloedhorn (1994) III, p.54-63

Creswell (1932)

Grafman/Rosen-Ayalon (1999), p.1-15

Hamilton (1949)

Korn (2004), n°1, 43, p.192-193

Meinecke (1992), 7/66, 9C/224, 9C/242, 17/2, 19A/27, 19A/28, 20/9, 22/100, 37/34, 42/51, 42/111, 47/63

 

Berchem (1922), n°280, 281, 282, 283, 284, 285, 286, 287, 288, 289f, 290, 291, 292, 293

Hawari (2007), p.161

RCEA 3281, 3282, 3316, 3423, 3802, 5559, 5606f, 6008, 6010, 6155, 6182

Walls/Abul-Hajj (1980), n°280, 281

Wiet (1922), n°13

 

 

 

Historique

 

Périodes antérieurs

La mosquée est construite durant la dynastie Omeyyade, par le calife ‘Umar ibn al-Khattab (13/634-23/644), elle est achevée sous le calife al-Walîd (86/705-96/715), son plan d’origine fait l’objet de plusieurs hypothèses (ill.1)[1]. Seul un pan du mur sud est d’origine, il reste aussi une collection de panneaux de bois sculptés au Musée Rockfeller[2]. Transformée en église par les Croisés, l’édifice retrouve sa fonction d’origine avec les Ayyûbides.

 

Période Ayyûbide

La mosquée est en partie restaurée dès la reconquête de la ville par Saladin : à l’intérieur, un minbar construit par Nûr al-Dîn en 564/1168[3] est installé en 583/1187 et le mihrâb principal, muré par les Croisés est réouvert et rénové la même année.

Sous les Ayyûbides, l’inscription sur l’arche centrale du porche mentionne son renouvellement total en 614/1217 (ill.10, 11) sous le règne du sultan al-Mu’azzam ‘Isa (r.615/1218-624/1227), l’édifice sera encore restauré sous les Mamluk. Ce porche consiste en 7 baies correspondant aux 7 nefs de la mosquée, la baie centrale est plus large et est couverte d’un dôme sur pendentifs, les autres baies sont couvertes de voûtes croisées.

On distingue 3 phases de construction du porche :

Une 1ere phase est dûe aux Templiers.

Une seconde phase dite de ‘reconstruction de la façade du porche’ (les 3 baies centrales) avec l’utilisation de nombreux remplois, datée 614/1217 (ill.11).

Une ultime phase datée 746/1345 (ill.14) et 751/1350 (ill.13) concerne les baies latérales du porche.

 

Période Mamluk

Les Mamluk entreprennent de nombreux travaux de restaurations concernant surtout le décor et la toiture, ainsi le sultan al-Mansûr Qalâ’ûn (r.27 rajab 678/3.XII.1279 – 6 dhu’l-qa’da 689/10.XI.1290) fait restaurer la couverture du secteur sud-ouest de l’édifice dite Mosquée des Femmes (Jamî’ al-Nisâ).

Sous le sultan al-Nâsir Muhammad (3e règne 30 ramadan 709/3.III.1310 – 21 dhu’l-hijja 741/7.VI.1341), le gouverneur de Damas Saif al-Dîn Tankiz fait renouveller les toits en rabi’ I 728/15.I-13.II.1328 et peut être aussi redorer la coupole. Il fait encore refaire l’inscrutation de marbre, ces travaux s’achèvent en 731/1330-1331. Il fera aussi ouvrir 2 fenêtres sur le mur qibla.

Le portique avant est restauré en plusieurs fois : la partie ouest est restaurée pendant le règne du sultan al-Kâmil Sha’bân (r.4 rabi’II 746/4.VIII.1345 – 1 jumada II 747/19.IX.1346) jusqu’en rajab 746/28.X.1345, sous la conduite de l’intendant des Lieux Saints (nâzir) Aibak al-Misrî, il fait aussi fabriquer de nouvelles portes en bois pour les deux entrées de la Mosquée. La partie est est restaurée en 751/1350 sous le sultan al-Nâsir Hasan (2e règne 14 ramadan 748/18.XII.1347 – 17 jumada II 752/11.VIII.1351) toujours par Aibak al-Misrî, pour le compte du gouverneur de Gaza Fâris al-Dîn Albakî. Ce même intendant, qui sert également sous le sultan al-Sâlih Sâlih (r.18 jumada II 752/12.VIII.1351 – 2 shawwal 755/20.X.1354) fait refaire les portes en bois des deux entrées de l’aile est du portique avant en 753/1352-1353. Une porte en bois est encore rénovée sous le sultan al-Ashraf Sha’bân (r.15 sha’ban 764/30.V.1363 – 5 dhu’l-qa’da 778/16.III.1377).

L’historien al-‘Ulaimî fait état de restaurations sous al-Ashraf Inâl (r.8 rabi’I 857/19.III.1453 – 14 jumada I 865/25.II.1461), mais sans en préciser les détails.

Le crénelage (sharârîf) et la frise (tirâz) du porche sont restaurés sous le sultan al-Ashraf Qaitbây (r.6 rajab 872/31.I.1468 – 27 dhu’l-qa’da 901/7.VIII.1496) en muharram 879/1.VI.1474 par l’intendant des Lieux Saints (nâzir) Muhammad ibn al-Nashâshîbî. Il fait aussi refaire la couverture de plomb en 884/1479-1480 par des artisans venus d’Asie Mineure.

Enfin, la couverture de plomb est rétablie, les mosaïques et les enduits sont rénovés et divers travaux entrepris sous le sultan Qansûh al-Ghaurî (r.1 shawwal 906/20.IV.1501 – 25 rajab 922/24.VIII.1516) par l’intendant Saif al-Dîn Bakbay en 915/1509-1510.

Deux séismes en 1928 et 1937 endommagent la mosquée. Entre 1938 et 1942 Robert William Hamilton entreprend des fouilles dans la mosquée[4].

 

 

 

Epigraphie

 

583/1187. Texte de restauration, 4 lignes (210x40) sur un panneau en mosaïque de verre au-dessus du mihrâb (inscription, n°1)[5].

« La réfection de ce mihrâb sanctifié et la construction de la mosquée al-Aksa, dont les fondations reposent sur le respect, ont été ordonnées par l’esclave et ami de Dieu, Yûsuf, fils d’Aiyûb Abul-Muzaffar al-Malik al-Nâsir Salâh al-dunya wa’l-dîn, au moment où Dieu la conquit par ses mains, dans les mois de l’année 583 (1187). Il demande à Dieu de lui inspirer la reconnaissance de cette faveur et de lui dispenser largement son lot de pardon et de miséricorde ».

 

 

614/1217. Texte de construction 8 lignes (100x90) au-dessus de la grande arche du portique entre des colonnettes (inscription n°2, ill.11)[6].

« xxx Ces xxx (?) portiques ont été fondés durant les jours de l’empire de notre seigneur et maître le sultan al-Malik al-Mu’azzam Sharaf al-dunya wa’l-dîn Abul-‘Aza’îm ‘Isa, fils d’al-Malik al-‘Adîl Saif al-dunya wa’l-dîn, le sultan de l’islam et des musulmans, Abû Bakr, fils d’Aiyûb, fils de Shadhî, l’ami dévoué de l’émir des croyants, que Dieu éternise leur royauté ! Cela (a été achevé) en l’année 614 de l’hégire du Prophète (1217) xxx ».

 

 

728/1327. Texte de restauration 1 ligne au sommet de la coupole (inscription n°3)[7].

« A été renouvelée cette coupole bénie sous le règne de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir, le savant, le juste, le guerrier, le combattant, le défenseur des frontières, l’assisté (d’Allâh), le victorieux, le dompteur des révoltés et des rebelles, le vivificateur de la justice dans les mondes, le sultan de l’Islam (et des musulmans Nâsir al-dunya wa’l-Dîn) Muhammad, fils du défunt al-Malik al-Mansûr Qala’ûn al-Sâlîhî, qu’Allâh le couvre de sa miséricorde ! dans les mois de l’année 728 (1327) ».

 

 

731/1331. Texte de restauration 2 lignes (180x30) sur la paroi sud au dessus de la fenêtre à gauche du mihrâb (inscription n°4)[8].

« Ont été rénovés cette fenêtre et le marbre béni sous le règne de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir Nâsir al-dunya wa’l-Dîn Muhammad, fils de Qala’ûn, que sa victoire soit glorieuse ! sur la haute injonction de Saif al-Dîn Tankiz al-Nâsirî, dans les mois de l’année 731 (1330) ».

 

 

731/1331. Texte de restauration 2 lignes (180x30) sur la paroi sud au dessus de la 2e fenêtre à droite du mihrâb (inscription n°5)[9].

Même texte avec variantes.

 

 

746/1345. Texte de restauration 9 lignes (60x90), sur le 2e pilier ouest du portique nord, dans une niche flanquée de 2 colonnettes (inscription n°6, ill.14)[10].

« Ont été renouvellées cette mosquée bénie et (bein) restaurée, et ces portes (bien) restaurées sous le règne de notre maître le sultan, le savant, le pratiquant, al-Malik al-Kâmil Saif al-dunya wal-Dîn, le sultan de l’Islam et des Musulmans, (Sha’bân), fils de notre maître le sultan défunt al-Malik al-Nâsir Muhammad, fils de Qala’ûn al-Sâlihî, qu’Allâh le couvre de sa miséricorde ! sous l’intendance du serviteur avide d’Allâh Aibak al-Misrî, l’intendant des deux haram sacrés. A la date du mois de rajab l’unique de l’année 746 (novembre 1345) ».

 

 

746/1345. Texte de restauration 1+4 lignes sur la 1er porte à l’ouest (inscription n°7)[11].

« (A été renouvelée) cette porte bénie sous le règne de notre maître le sultan al-Malik al-Kâmil Saif al-dunya wal-Dîn, le sultan de l’Islam et des Musulmans, Sha’bân, fils de notre maître le sultan défunt al-Malik al-Nâsir, qu’Allâh le couvre de sa miséricorde ! et ce (travail) a été dirigé par l’esclave avide d’Allâh (Aibak al-Misrî, intendant des deux haram sacrés). Et il a eu lieu à la date de l’année 746 (1345) ».

 

 

746/1345. Texte de restauration 1+4 lignes sur la 2e  porte à l’ouest (inscription n°8, ill.20)[12].

« A été renouvelée cette porte bénie sous le règne de notre maître le sultan al-Malik al-Kâmil, le savant, le juste, sultan de l’Islam et des Musulmans, Saif al-dunya wal-Dîn Sha’bân, fils de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir, fils de Qala’ûn al-Sâlihî et ce (travail a eu lieu) dans les mois de l’année 746 (1345) ».

 

 

751/1350. Texte de restauration 4 lignes (90x50) sur le 2e pilier est du portique nord dans une niche à colonnettes (inscription n°9, ill.13)[13].

« A été rénovée cette aile bénie sous le règne de notre maître al-Malik al-Nâsir Nâsir al-dunya wal-Dîn Hasan, fils du sultan al-Malik al-Nâsir Muhammad, fils de Qala’ûn, qu’Allâh perpétue son règne ! sur la haute injonction de Fâris al-Dîn, lieutenant du royaume respecté dans les districts de la côte et de la montagne, qu’Allâh rende ses victoires glorieuses ! sous l’intendance de l’avide d’Allâh ‘Izz al-Dîn Aibak al-Misrî, qu’Allâh le récompense ! dans les mois de l’année 751 (1350) ».

 

 

753/1352. Texte de restauration 1 ligne sur la 1er porte est (inscription n°10, ill.16)[14].

« A été rénovée cette porte bénie sous le règne de notre maître le sultan al-Malik al-Sâlih – qu’Allâh éternise sa royauté ! – fils de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir, qu’Allâh le couvre de sa miséricorde ! sous l’intendance de l’avide d’Allâh Aibak al-Misrî. L’année 753 (1352) ».

 

 

753/1352. Texte de restauration 1 ligne sur la 2e  porte est (inscription n°11, ill.18)[15].

« A été rénovée cette porte bénie sous le règne de notre maître le sultan al-Malik al-Sâlih – qu’Allâh éternise sa royauté ! – fils de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir, qu’Allâh le couvre de sa miséricorde ! sous l’intendance de l’avide d’Allâh Aibak al-Misrî. L’année 753 (1352) ».

 

 

879/1474. Texte de restauration 4 lignes (100x90) au-dessus de la grande arche centrale dans une niche plate flanquée de colonnettes (inscription n°12, ill.12)[16].

« Ont été rénovés ces créneaux et ce beau bandeau sous le règne de notre maître le sultan, le souverain, al-Malik al-Ashraf Abu’l-Nasr Qaitbay, qu’Allâh l’assiste de sa victoire ! sous l’intendance de l’esclave avide d’Allâh Muhammad, intendant des deux harams sacrés, qu’Allâh lui pardonne ! a la date du 15 du mois de muharram sacré de l’année 879 (1.VI.1474) ».

 

 

915/1509. Texte de réparation 7 lignes (50x80) sur le mur au fond du portique, à droite de la porte centrale (inscription n°13)[17].

« A été rénové l’édifice de la mosquée al-Aqsa sacrée, c'est-à-dire qu’on a rajouté sa couverture en plomb et celle de la Qubbat al-Sakhra sacrée, restauré les mosaïques, blanchi les murs, peint à l’huile les portes et exécuté d’autres travaux de réparation, sous le règne de notre maître le sultan, le souverain al-Malik al-Ashraf Abu’l-Nasr Qansûh al-Ghaurî, que sa victoire soit glorieuse ! sous l’intendance de sa très noble Excellence Saif al-Dîn Bakbay, intendant des deux Haram sacrés et gouverneur de Jérusalem, un des émirs de quarante en Egypte, qu’Allâh fasse durer ses jours ! en l’année 915 (1509) ».

 

 

n.d. Fragment d’un texte de fondation 4 lignes (72x44), à l’intérieur dans le plaquage du mur sud du transept (inscription n°14)[18].

« …..le khân béni, quatorze vingt-quatrième de la totalité du village…..des districts de Busra. Et le second lot (comprend) la moitié de Lifta, des villages de Jérusalem….huit parts et un tiers de part et un tiers de huitième de dixième de part sur vingt-quatre parts….(pour) la nourriture des visiteurs (pèlerins) pauvrées et indigents, qu’Allâh agrée (ceci) de lui et qu’il redouble ses bienfaits ! ».

 

 

 

Biblio complémentaire

MWNF (2004), p.74-75

Hawari (2007), n°19

Pringle (2007)

Auld/Hillenbrand (2009), p.244-248, 301-317

Hawari (2009), p.244-248

Kenney (2009), p.118-123

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan de la mosquée avec localisation des inscriptions

2/ vue de la mosquée depuis la Vieille Ville, côté ouest

3/ vue depuis le sud

4/ vue de la façade depuis le Haram

5/ vue de la façade est

 

 

 

 

 

 

 

6/ vue depuis l’est

7/ vue depuis l’ouest

8/ le porche

9/ vue de la partie centrale du porche avec les inscriptions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10/ les inscriptions de construction du porche

11/ l’inscription gauche datée 614/1217

12/ l’inscription droite datée 879/1474

13/ l’inscription de construction sur le 2e pilier gauche datée 751/1350

14/ l’inscription de construction sur le 2e pilier droit datée 746/1345

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15/ 1er  porte d’accès gauche à la salle de prière

16/ l’inscription de construction sur la porte datée 753/1352

17/ 2e porte d’accès gauche à la salle de prière

18/ l’inscription de construction sur la porte datée 753/1352

 

 

 

 

 

 

 

19/ 2e porte d’accès droite à la salle de prière

20/ l’inscription de construction sur la porte datée 746/1345

 

 

 

 

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[1] Sur les origines de la Mosquée al-Aqsa, voir Creswell (1932), (1969) ; Hamilton (1949) ; Grafman/Rosen-Ayalon (1999), p.1-15 ; Bacharach, J.L, « Marwanid Umayyad building activities : speculation on patronage », in Muqarnas XVI, 1996, p.27-44.

[2] Voir Creswell (1932), (1969).

[3] Voir inscription, in RCEA 3281.

[4] In Hamilton (1949).

[5] Texte d’après RCEA 3423.

[6] Texte d’après RCEA 3802.

[7] Texte d’après Berchem (1922), n°282.

[8] Texte d’après Berchem (1922), n°283.

[9] Texte d’après Berchem (1922), n°284.

[10] Texte d’après Berchem (1922), n°285.

[11] Texte d’après Berchem (1922), n°286.

[12] Texte d’après Berchem (1922), n°287.

[13] Texte d’après Berchem (1922), n°288.

[14] Texte d’après Berchem (1922), n°289.

[15] Texte d’après Berchem (1922), n°290.

[16] Texte d’après Berchem (1922), n°291.

[17] Texte d’après Berchem (1922), n°292.

[18] Texte d’après Berchem (1922), n°293.