Madrasa Sultanîya (613/1216)
Localisation : au sud de la Citadelle sur l’actuelle esplanade (I9.342).
Visite en : 2001, 2006.
Réf :
Allen (2003), chap.8
Eddé (1999), n°31
Gaube (1984), n°342
Herzfeld (1955), p.276-282
Korn (2004), n°55
Lauffray (1953), p.49-66
Sauvaget (1931), n°23
Tabbaa (1999), p.138-141
Herzfeld (1955), n°147, 148, 149, 150
RCEA 3892, 3893, 3895
Sourdel (1953a), p.67-70
Historique
Le sultan al-Zâhir Ghazî (r.582/1186-613/1216) venait tout juste d’entamer la construction de cette madrasa chafi’ite-hanafite (également appelée al-Zahirîya al-Juwwanîya) lorsqu’il meurt en 613/1216 interrompant ainsi les travaux, le bâtiment reste alors à l’anbandon pendant un certain temps. C’est l’atabeg Tughrîl qui achève les travaux en 620/1223, pour que le corps du sultan puisse être transféré de la Citadelle à cette madrasa.
L’édifice comprend une cour d’environ 20x17m entourée par trois ailes de cellules et une salle de prière du côté sud. Le mausolée du sultan occupe l’angle sud-est (ill.1).
La façade, faite de pierres de taille lisses, ne présente que quelques ouvertures. Un petit minaret s’élève sur la corniche de la façade (ill.9). Des cellules voûtées flanquent le portail du côté nord derrière lesquelles se trouvent d’autres salles. Il n’y a pas d’iwan, mais il a dû être initialement planifié, comme le mentionne T. Allen.[1] La façade de la salle de prière, également sans ornements, s’ouvrait à l’origine sur trois arcades.
Le mihrâb est incrusté de marbre coloré (ill.17) ; il est flanqué de piliers avec des chapiteaux feuillus et encadré par une bande profilée qui renferme un ornement de bandes tressées élaborées au sommet (ill.17, 18), on retrouve ce thème décoratif sur certains mihrâb Ayyûbides de la ville et aussi à Jérusalem sur le mihrâb de la qubba al-Silsila, restauré en 596/1199-1200.
Le mur est de la salle de prière indique un changement de plan car deux portes initialement prévues ont été ajoutées ainsi qu’un passage central vers la salle funéraire. La coupole du tombeau, comme celle de la salle de prière, repose sur des pendentifs.
Deux inscriptions sont gravées sur le portail, l’une autour de la niche (ill.10-12) et l’autre sur la corniche de la façade (ill.9), elle indiquent l’étude du Coran et de la Charia comme but de l’institution. Ces inscriptions nomment le sultan al-Zâhir Ghazî comme fondateur et l’atabeg Tughrîl comme initiateur de l’achèvement des travaux en 620/1223. Les trois inscriptions sur les linteaux des fenêtres de la salle funéraire désignent le turba d’al-Zâhir Ghazî dans une formulation presque identique (ill.6-8). Les bordures manquantes suggèrent que toutes les inscriptions n'ont été conçues qu’après l’achèvement du bâtiment.
Un décret daté 87x/1469 (?) a été gravé sur le mur à l’angle sud-est de la cour et prévoit la malédiction a quiconque dénaturerait le monument.
La madrasa a été pratiquement détruite en 2015.[2]
Epigraphie
620/1223. Texte de construction 2 lignes
sur la corniche du portail (ill.9).[3]
« Ceci a été fondé, pour la lecture
du Coran et les sciences religieuses, durant les jours du sultan al-Malîk al-‘Azîz Muhammad, - que sa victoire soit glorieuse ! –
[fils d’]al-Malîk al-Zâhir Ghazî,
- que Dieu sanctifie son âme ! – par l’esclave avide de la miséricorde de
son maître, Tughrîl, que [Dieu] lui pardonne !
Cela (a été achevé) xxxx de l’année 620 (1223). Que
Dieu ait pitié de quiconque récitera une formule de miséricorde en faveur de
celui qui y repose et demande le pardon de Dieu pour celui qui a fondé ce
(monument) ».
n.d. Texte funéraire 2 lignes (162x48) sur
le linteau des 3 fenêtres du tombeau (ill.6-8).[4]
« Ceci est le mausolée d’al-Malîk al-Zâhir Ghazî, fils d’al-Malîk al-Nâsir Salâh al-Dîn,
le sauveur de Jérusalem des mains des infidèles, que Dieu sanctifie leur âme et
ait pitié de quiconque récitera en leur faveur une formule de
miséricorde ! »
620/1223. Texte de
construction 5 lignes en bandeau faisant le tour de la niche du portail
(ill.10-12).[5]
« xxx
Ceci est un collège, à la construction et à la fondation duquel on a présidé
durant les jours du sultan al-Malîk al-‘Azîz Ghiyath al-dunya wa’l-dîn Muhammad, fils du sultan al-Malîk al-Muzaffar Ghazî, fils du sultan al-Malîk al-Nâsir
Salâh al-dunya wa’l-dîn, celui qui sauva Jérusalem des mains des
infidèles, que Dieu le fasse habiter dans les emplacements de Sa satisfaction
et dans les espaces de Son paradis, qu’Il éternise la souveraineté d’al-Malîk
al-‘Azîz, et lui inspire la justice et l’impartialité !
Il fut fondé par son atabek, le dépositaire de son autorité, le garant de son
empire, préposé aux lois de sa sauvegarde, l’esclave avide de la miséricorde de
son Maître Illustre, Shihâb al-Dîn
Abû Sa’îd Tughrîl, fils d’Abd-Allâh, serviteur d’al-Malîk al-Zâhir,
que Dieu agrée son offrande, lui rende abondamment ce qu’il a offert en don, et
magnifie sa compensation et sa récompense ! C’est un collège pour les deux
rites, un centre pour ceux qui s’associent pour les études de la loi
religieuses, des deux rites, shafi’ite et hanafite,
pour ceux qui s’efforcent de s’occuper (d’étude), qui cheminent dans la route
des pieux modèles, que désignera le professeur parmi les deux rites. Il
comprend une mosquée destinée à Dieu et l’on y a élevé la sépulture du sultan
al-Malîk al-Zâhir, - que Dieu sanctifie son âme et
illumine son tombeau ! – pour qu’il gagne la récompense de la lecture et
de l’étude du Coran ainsi que de la bénédiction attachée à sa récitation. Que
Dieu lui accorde la plus excellente des compensations pour être resté fidèle au
pacte de Son alliance et avoir satisfait entièrement à la reconnaissance de Ses
bienfait ! Il a stipulé à son sujet, - que Dieu le récompense ! – que
le professeur serait de rite shafi’ite, que l’imam
préposé à la prière dans sa mosquée serait de rite shafi’ite,
ainsi que le muezzin, qu’on donnerait un traitement à un professeur qui
enseignerait la lecture du Coran magnifique, et qu’il l’inculquerait suivant la
façon la plus agréable à Dieu. Les clauses ont été insérées dans l’acte de waqf
béni, xxx chaque maître, intendant ou souverain, xxx qu’il fixe ses bases,
selon ce qu’a stipulé le constituant, que Dieu le récompense ! xxx dans le
désir de la satisfaction de Dieu et dans l’espoir de Son abondante récompense.
xxx La fin de sa construction (a eu lieu) dans les mois de l’année 620
(1223) ».
87x/1469. Décret 5 lignes (96x98) sur une
pierre de parement à l’angle sud-est de la cour.[6]
« Coran IX, 18. Et soit maudit avec
son père et que la malédiction d’Allâh frappe
jusqu’au jour du jugement, qui fera à ce mausolée béni un mur de marbre ou des
colonnes, sauf s’il les destine au seul profit de la dévotion et du pèlerinage
au (tombeau du) fondateur, al-Malîk al-Zâhir Ghazî – la miséricorde d’Allâh
soit sur lui ! – et cela (a été ordonné) sur l’avis de l’esclave avide d’Allâh l’Exalté, le préposé (?) Yahya (?) aux magasins de
tapis, et ce fut en jumada I (ou II) de l’année 874
(?) ».
Biblio complémentaire :
Haddad (2019c)
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1/ plan de la madrasa |
2/ coupe est-ouest de la madrasa |
3/ coupe et élévation de la partie nord |
4/ coupe nord-sud de la madrasa |
5/ vue de la madrasa depuis le sud-est |
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6/ l’inscription funéraire non datée sur l’ouverture
sud du tombeau |
7/ l’inscription funéraire non datée sur l’ouverture
est du tombeau |
8/ l’inscription funéraire non datée sur l’ouverture
nord du tombeau |
9/ la corniche en façade avec l’inscription de
construction datée 620/1223 |
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10/ la partie droite du bandeau inscrit du portail
daté 620/1223 |
11/ la partie centrale du bandeau inscrit du portail
daté 620/1223 |
12/ partie gauche du bandeau inscrit du portail daté
620/1223 |
13/ le portail depuis la cour |
14/ vue de la cour depuis le sud |
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15/ vue de la cour depuis l’ouest |
16/ relevé du portail |
17/ le mihrâb de la salle de prière |
18/ décor du mihrâb |
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